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Conférence « Cluny et la mémoire des morts XIe – XIIe siècles »

Conférence du mercredi 6 mars 2024 par Dominique IOGNA – PRAT.

C’est à Cluny, le grand monastère bourguignon fondé en 909/910, qu’apparaît la fête des défunts instaurée par l’abbé Odilon à une date incertaine, entre 998 et 1030. Les défunts représentent alors dans le monde des moines grands seigneurs la pompe d’une économie du don. Pour autant, les suffrages pour les défunts (inscription au nécrologe et célébration anniversaire) ne vont pas sans résistances comme l’atteste la polémique qu’un autre abbé de Cluny, Pierre le Vénérable, mène contre l’hérétique Pierre de Bruis dans les années 1140. Dans le long terme de l’histoire chrétienne, depuis saint Augustin jusqu’au XIXe siècle, le moment clunisien des XIe-XIIe siècles marque un temps de haute intensité dans le soin des vivants pour les morts et la réflexion sur ce qui alimente le lien social dans les solidarités d’outre-tombe.

Dominique Iogna-Prat, 68 ans, est directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique
(CNRS) et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (ÉHESS). Historien du Moyen Âge occidental, ses premiers travaux ont porté sur le monachisme latin, avec un intérêt spécial pour l’époque carolingienne, Cluny et l’ecclésiologie des moines réformateurs des XIe-XIIe siècles. Son intérêt pour les polémiques anti-hérétiques l’a ensuite amené à se pencher sur la question du lieu de culte dans l’Occident médiéval et le phénomène de « pétrification » de l’Église sous une forme visible et monumentale, au prix d’une confusion entre contenant et contenu (l’Église et l’église). Dans cette dynamique, il s’est lancé dans l’étude de la confrontation de ce modèle ecclésial monumental à la « modernité » civile et étatique sous forme de transfert, identifié à un phénomène de « sécularisation », du cadre et des valeurs de l’Église à la ville et à l’État. C’est l’objet de son dernier livre, Cité de Dieu, cité des hommes. L’Église et l’architecture de la société (PUF, Paris, 2016). Sa démarche relève d’une médiévistique largement inscrite dans le questionnement des sciences sociales du religieux, dont il entend, par une démarche philologico-historique, interroger l’outillage conceptuel. Fondateur et premier directeur du Centre d’études en sciences sociales du religieux (CéSor, CNRS/ÉHESS, Paris), il anime actuellement un chantier collectif avec Frédéric Gabriel et Alain Rauwel, L’Église : un dictionnaire critique.

 

Tarifs :

– Adhérents : gratuit
– Visiteurs : 5€

Salle Kléber-Loustau à l’hôtel du département de Loir-et-Cher, 18h